Rachel Golub © Vue extérieure, Vie intérieure... Portfolio
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« Chaque plaisir et chaque peine, agissant comme un clou, clouent l’âme au corps, l’y fixent » / Platon

J'image la prise de conscience de soi par le “corps-apparence” que nous contemplons et le “corps-émotion” que nous ressentons vibrer.

Le nu est habillé de surimpressions émotionnelles. Le corps n’est pas distinguable de son enveloppe affective. Il est le reflet des vicissitudes de l’âme. Brutales, refoulées, positives ou destructrices, les émotions peuvent être à l’origine d’une dégradation ou d’un changement de perception du corps. J’ai choisi de masquer les visages, trop considérés comme la partie évidente pour détecter les ressentis.

Dans les représentations religieuses, le corps est souvent vaincu, défait, morcelé, écorché, crucifié. Pour le christianisme, cette destruction est liée à sa bipotentialité: alimenter le péché mais aussi permettre la rédemption. Ainsi, la souffrance et la déchéance corporelle sont valorisées pour que l’âme et le spirituel puissent triompher. Par la destruction de la chair, par la victoire sur le corps, on crée des saints, des martyrs. Ces suppliciés contemporains s’enchaînent et transpercent. Chaque posture revêt un habit de ressentis qui dépeint le profil émotionnel. Les corps se ligotent dans leur souffrance. Ont-ils des regrets? Attendent-ils la résurrection?

En définitive, la colère, les joies, les peines, les douleurs, sont autant de possibilités et d’histoires personnelles que j’illustre ici. Est-ce qu’en acceptant d’écouter nos messages corporels, en maîtrisant nos mouvements et nos postures, nous pourrions comprendre nos émois ? En interpellant les sens du spectateur, le corps produit matière à rêver.